Le petit mot d’Elino … #22

DYLAN SIERRA ET LES SENIORS FEMININES.

Quelque peu dans l’ombre de leurs camarades masculins, les féminines du HBCL évoluent pourtant en pré-nationale. Pour les non avertis cela signifie qu’une première place dans ce championnat régional est synonyme d’accession en N3.
Nous n’en sommes pas là. Pour le moment elles luttent pour rester à ce niveau en tentant de surmonter les nombreux pépins diminuant le potentiel de l’équipe.
Aujourd’hui j’ai voulu présenter Dylan Sierra leur entraîneur, donner la parole à Ashley- sa compagne- ainsi qu’à Isabelle et Lucas Marcouiller qui lui apportent leur aide.

Dylan merci de te présenter.
J’ai 28 ans. J’ai commencé le handball à Bruges il y a 20 ans. J’ai suivi un parcours classique : sélection départementale puis en ligue pour enfin entrée au Pôle.
Je pars jouer aux Girondins -qui deviendront l’Union- où je reste 5 ans. Au bout de ces 5 années j’ai éprouvé le besoin de changer d’air. Romain Cazemajou m’a contacté , m’a présenté le club et je n’ai même pas eu besoin de réfléchir pour accepter car, au delà du projet, j’ai ressenti cet esprit famille qui manquait dans les clubs où j’évoluais précédemment.
J’arrive donc au HBCL la saison 2019/2020 avec un double objectif : évoluer en N2 et entraîner. Entraîner c’est ma passion. J’ai commencé à le faire à 18 ans car j’avais envie de transmettre aux jeunes ce qu’on m’avait appris.
Je prends avec Guillaume Duvergé les U17 G en régional. Un peu plus tard, Xavier Thomas, l’entraîneur des seniors filles, me demande de le suppléer lors des vacances scolaires pendant lesquelles il rejoint son Béarn natal.
Enfin, cette saison, Xavier parti en région parisienne, je prends le groupe seniors filles à temps complet.

Parle nous de ton équipe.
Je dispose d’une quinzaine de joueuses relativement jeunes. En effet, après les arrêts sur blessure de Camille Gamio, Candice Baspeyras et Anaïs Marcouiller il n’y en a plus qu’une de plus de 30 ans. Nous nous entraînons deux fois par semaine.
Le parcours de l’équipe a été assez difficile. La saison passée, après son accession à ce niveau pré-national, elle ne parvient pas à se maintenir mais, heureusement, suite à plusieurs forfaits elle est repêchée.
Cette année, elle parvient in extremis à garder sa place à ce niveau ce qui, après tous les aléas de la saison, peut être considéré comme un exploit. Une relégation, même si ce n’était pas bien grave, aurait constitué une perte de temps par rapport au projet.

Beaucoup disent que, pour un homme, il est difficile d’entraîner et de gérer un groupe féminin. Ton sentiment ?
Ce n’est pas dur mais, ayant entraîné des garçons pendant 10 ans je suis amené à me remettre en question constamment. C’est plus compliqué dans la relation entraîneur/entraînée, surtout dans la façon de s’exprimer, de communiquer. Tout est pris davantage à cœur, avec plus de sensibilité. Les garçons sont plus souples.
En une saison avec un public féminin on apprend autant qu’en trois avec un public masculin.

Le fait d’avoir Ashley, ta compagne, dans l’équipe te pose-t-il des problèmes ?
Dans la vie de groupe cela s’est très bien passé. Les filles l’ont toujours accepté. J’avoue que j’ai tellement peur de la considérer autrement voire de l’avantager que je suis plus dur avec elle.
Dans la vie familiale on parle beaucoup handball, on mange handball, on se couche handball. Quelquefois c’est une source de conflits mais Ashley admet qu’elle aussi se permet des choses qu’elle ne se permettrait pas avec un autre entraîneur.
Le handball représente une grande partie de notre vie. Je suis à Kany 7 jours sur 7 (je joue chaque fois que je le peux) et, Peyo- notre enfant- baignant dans cette ambiance depuis sa naissance demande constamment à venir au gymnase.

Bref, tu es content d’être à Libourne ?
Oui, et super fier d’entraîner ce groupe de filles. C’est un grand plaisir pour moi de les entraîner et de les coacher. Même s’il y a des accrochages pendant les matchs, le lundi on en parle plus.

Quels sont tes projets pour la saison prochaine ?
J’arrête de jouer, j’intègre le staff de la N2 garçons et je continue à entraîner les seniors filles.

Cette relation entraîneur/entraînée est difficile surtout, fait très rare, quand il s’agit d’un couple. J’ai donc souhaité savoir comment Ashley le vivait au quotidien.

Ashley, même question qu’à Dylan : le fait d’avoir ton compagnon comme entraîneur pose-t-il un problème dans votre vie familiale ou dans celle de l’équipe ?
Au début il faut bien dire qu’effectivement cela a constitué une source de conflit entre nous. Pour être honnête je me permettais des choses que je n’aurai pas dû dire ou faire. C’est vrai aussi que Dylan s’investit énormément. Le handball c’est sa passion, sa vie. Du coup, les problèmes qui y sont liés je les avais à la maison.
Dans la vie de l’équipe les filles ne m’ont pas mise à l’écart, elles s’exprimaient devant moi en cas de désaccord avec Dylan et je faisais le tampon sur le terrain mais aussi à la maison où j’essayais de le calmer.
Sa manière de parler était souvent dérangeante pour les filles. Les résultats n’aidant pas non plus, à la maison il était souvent stressé. Ces derniers temps il a pris sur lui et ça va beaucoup mieux.

Ton avis sur l’équipe.
On avait un bon effectif au départ. Malgré les pertes de joueuses pour blessure en cours d’année on ne mérite pas cette place là. Je pense que le changement d’entraîneur et de méthode y est également pour beaucoup.
La saison prochaine devrait être meilleure.

Dylan et Ashley encadrant leur fils Peyo.

ILS APPORTENT LEUR AIDE

Isabelle Marcouiller.
Responsable de cette équipe j’ai aimé la suivre tous les week-end même si l’année a été compliquée. Il y a eu de très bons matchs, de très bons moments et d’autres plus… délicats.
Je suis déçue par rapport à la place -9ème sur 12- qui, même si elle lui permet de se maintenir, ne correspond pas au niveau de l’équipe. On peut dire que les filles se sont fait peur !
Le problème de ce groupe c’est qu’il y a beaucoup de fortes personnalités mais pas de vrai leader. Cela se ressent sur le terrain et dans le jeu collectif.
Le fait aussi de jouer la majeure partie de la saison avec une base arrière décimée par les blessures n’a pas arrangé les choses.

Lucas Marcouiller.
Je m’occupe des gardiennes de but. Enfin des gardiennes de but c’est beaucoup dire puisque si nous avons commencé la préparation avec trois, dès le premier match il n’en restait plus qu’une…
En plus le fait que la rescapée soit ma cousine a rendu ma tâche un peu plus difficile compliquant notre relationnel. Heureusement Alice a pris sur elle pour faire la part des choses.
Mon rôle consiste à la soutenir dans les problèmes qu’elle rencontre, à l’aider à trouver des solutions pour gommer ses faiblesses et la faire avancer.
Elle a beaucoup évolué dans son jeu. Au début de la saison, la peur de réveiller la blessure à l’un de ses genoux l’inhibait quelque peu puis, petit à petit, elle a pris de l’assurance au point de finir meilleure gardienne de la poule en nombre d’arrêts.
Une prise de conscience de ses qualités physiques lui permettrait de franchir un nouveau palier.
Sinon, pour parler de l’équipe, je prends du plaisir à y travailler mais pas lors de tous les matchs. Quand on est dedans on se rend compte de l’existence de plusieurs petits groupes créant une atmosphère particulière. Quelquefois bonne, quelquefois moins bonne.

Isabelle et Lucas Marcouiller.