Le petit mot d’Elino … #28

ANTOINE JONNIER : L’ETERNEL RETOUR !

International, Champion d’Europe avec l’équipe de France des U19 en 2016, trois ans passés au centre de formation de Montpellier à côtoyer l’élite du handball français et même mondial, Antoine, pas épargné par les pépins physiques le contraignant à de longs arrêts, revient en 2019 dans son club formateur.
Grand -approchant les 2 mètres- et solide gaillard, la tête bien sur les épaules, il nous raconte son parcours. Et ses interrogations.
A lire et à méditer par tous les jeunes handballeurs du HBCL et du GLHB.

Antoine, merci de te présenter.
J’ai 25 ans, je vis en couple, je suis apprenti en génie mécanique, j’habite Montagne et sur le terrain j’évolue au poste de pivot.

A quand remontent tes débuts au handball et quel est ton parcours handballistique ?
Mes débuts datent de 2011. Je suis en première année U15 à Libourne et dès 2012 j’intègre le pôle espoir de Talence où je vais rester 4 ans.
Je joue 3 ans au HBCL et, de 2013 à 2016, je fais partie de l’équipe de France avec laquelle je deviens champion d’Europe en Croatie.
Le Pôle me demande alors d’aller jouer plus haut que la N3 et m’oriente vers Bruges pensionnaire de la N2 avec un projet de N1.
Après Bruges, de 2016 à 2019 je pars au centre de formation de Montpellier puis, en 2019, retour à Libourne.

Raconte nous ton passage à Montpellier.
Le premier jour cela m’a fait drôle. Tout d’abord Ludovic Fabrégas vient me féliciter pour mon titre européen alors que lui vient d’être sacré Champion Olympique. Ensuite, dans la salle, je croise Diégo Simonnet qui, en me serrant la main, se présente : « Diégo » !
Ce jour là je prends conscience de vivre quelque chose de grand mais, avec des entraînements tous les jours au milieu des pros, que je dois vite me mettre dans la tête qu’il faut que cela devienne la normale.
Septembre 2017, la tuile : opération de l’épaule. 6/7 mois d’arrêt. Quand je reprends il me reste un an au centre de formation. Sauf que cette blessure m’amène à réfléchir sur le caractère aléatoire du métier.
Je fais ma 3ème année sans problème physique mais je me rends compte que, de là à faire un métier du handball, ce n’est pas pour moi. Le ratio contraintes/plaisir est, pour moi, par trop défavorable au plaisir.
Finalement j’ai accepté le centre de formation de Montpellier en me disant : « cela va être génial ». J’y suis allé, c’était effectivement génial mais ce n’était pas vraiment une vie faite pour moi. Aussi, quand Patrice Canayer -l’entraîneur emblématique de Montpellier- m’a demandé si je voulais devenir pro, je lui ai répondu : « je ne sais pas !».
Je l’ai vu « tiquer ».
Heureusement j’ai pu poursuivre mes études et obtenir une licence de physique.
En 2019 retour à Libourne.

Pourquoi Libourne ?
J’ai fait une croix sur le handball de haut niveau. Place au plaisir ! Cela me paraissait naturel de revenir là où j’avais débuté et parce que démarrait la construction d’un projet intéressant (GLHB).

Que penses-tu de ce projet ?
Je suis content de voir un projet construit avec pas mal d’engagement autour. C’est une très bonne chose pour le territoire.

Tes pépins physiques ont jalonné ton parcours et ne sont sûrement pas étrangers à ta décision. Raconte nous.
Tout d’abord, en 2016 suite aux Championnats d’Europe, je souffre d’une importante tendinite au genou. Je suis mis au repos 3 mois.
En 2017, luxation de l’épaule nécessitant une opération. Arrêt 6/7 mois et retour sur le terrain au printemps 2018.
Février 2022, entorse acromio-claviculaire dont la gravité a malheureusement été sous-estimée. Je reprends au bout d’un mois, uniquement en défense. Je finis la saison mais je ne voulais pas recommencer la suivante avec une épaule en mauvais état. J’essaie donc plusieurs traitement pour éviter la chirurgie. Sans résultat probant.
Mai 2023 je suis donc opéré avec un espoir de retour sur le terrain fin septembre si tout va bien. *

Je te vois souvent sur le banc des S2G, des SF, des U17G ou d’autres équipes. Comment vois-tu la suite à Libourne ? joueur ?et jusqu’à quand ? entraîneur ? arrêt ?
Effectivement j’aime bien être sur le banc. Pendant les périodes où je ne jouais plus cela me faisait du bien de rester au contact du groupe, des joueurs, du handball. Ensuite, plus tard, je souhaiterais devenir entraîneur. Plutôt en formation avec des jeunes. Ce n’est pas pour tout de suite (quoique…) car j’ai annoncé que j’arrêterai ma carrière quand le club montera en N1 (rires…).
En tout cas je ne serai pas dirigeant.

Quel est ton meilleur souvenir ?
Incontestablement le titre de champion d’Europe en 2016 avec une finale en Croatie, le pays hôte, et mon père dans les tribunes venu exprès.
Déjà, nous retrouver en finale est presque inespéré car, en demi finale contre l’Allemagne, on est à moins 9 à la 40ème minute, on remonte et on finit par l’emporter.
En finale scénario identique. Nous sommes à moins 6 à la 40ème minute. Dans une ambiance de folie, devant 1500 spectateurs qui commencent déjà à fêter le titre, nous remontons petit à petit et nous finissons par gagner et devenir Champions d’Europe.
Un grand moment !
Parmi mes coéquipiers il y avait Benjamin Richert, Jo Mapou, Valentin Kieffer qui évoluent actuellement en D1. Mais il y avait également Elohim Prandi, Dylan Nahi, Julien Bos, Kyllan Villeminot, tous en équipe de France A !

Que ressens-tu quand tu les vois à la télévision ? Surtout ceux évoluant en équipe de France ?
Je suis content pour eux. Je suis également heureux et fier d’avoir joué avec eux mais je n’ai pas de regrets. Je suis allé au bout de ce que je pouvais faire. J’ai vu ce qu’était le handball de haut niveau et j’ai vu que ce n’était pas pour moi.

Ton plus mauvais ?
En fait, j’en ai deux.
Le premier c’est bien évidemment ma blessure et mon opération de l’épaule à Montpellier avec les conséquences que cela a entraîné. A savoir un bon coup d’arrêt à ma progression et le début de ma réflexion sur la suite à donner à ma carrière.
Le deuxième c’est, avec le HBCL, notre défaite à Irissary entraînant notre descente en N3 lors de la dernière journée de la saison 2021/2022.
Heureusement la fédération nous a repêchés.

*Antoine a effectivement repris et même, s’il lui faudra quelques semaines avant de retrouver le rythme, il a déjà inscrit 1 but contre Hendaye et 2 contre Asson. Sans parler de son apport en défense.