Le petit mot d’Elino … #69

BENJAMIN ET PIERRE

On a coutume de dire que ce sont des joueurs à part. Déjà sur le terrain. Enfermés dans leur territoire délimité par une frontière que leurs adversaires n’ont le droit de franchir uniquement par les airs, et encore quand les gardes frontières les laissent passer, ce qui arrive bien trop souvent à leur goût.
Dans la vie ensuite. Ce sont souvent des personnes qui ont une approche de leur sport et de la vie différente. Et qui le verbalisent bien.
Vous avez bien sur deviné que je veux parler des gardiens de but. J’ai rencontré ceux de l’équipe réserve -Benjamin Sabourin et Pierre Hantz- pour qu’ils me parlent de leur vécu dans l’ombre de la N1 et, souvent, dans celle de leurs coéquipiers évoluant dans le champ malgré leur rôle capital. Ceux d’entre vous ayant vu les derniers championnats du monde comprennent ce que je veux dire.
Après s’être présentés, voici leurs réponses. Plongez vous dans leur univers.

Benjamin Sabourin. L’homme orchestre.
J’ai 28 ans. Je suis policier municipal à Libourne et je joue au handball depuis ma première année en U11. Je n’ai jamais quitté le HBCL où j’évolue dans les buts depuis ma 2ème année de U11.
Dans la vie du club j’ai occupé de nombreuses fonctions : arbitre puis responsable de l’arbitrage, membre du Conseil d’administration et du bureau depuis plusieurs saisons, entraîneur des baby hand à l’école de handball.
Cette année je suis responsable de la communication.

Pierre Hantz. L’homme des allers-retours.
J’ai 38 ans.Je suis conseiller en gestion de patrimoine et je joue au handball depuis les U15. J’ai commencé comme joueur de champ et je suis arrivé dans les buts en dernière année de U18 par hasard (un jour, notre gardien de but étant absent, je me suis sacrifié…).
Plus tard, j’ai fait d’autres allers-retours entre les buts et le champ (1 ou 2 ans gardien avec la N3 puis retour dans le champ avec l’équipe 3). Maintenant, retour dans les buts avec les seniors 2.
Au niveau clubs j’ai également fait plusieurs allers-retours. J’ai quitté le HBCL pour les études puis pour le travail car j’avais déménagé sur Bordeaux. L’opportunité m’a été offerte de jouer à Caudéran en N3 puis en N2.
Pourquoi ce retour ? Parce que déjà ça fait plaisir de revenir au bercail, ensuite par amitié pour Romain qui cherchait un gardien pour la Pré-Nat. Enfin parce que, quand le club est descendu en 2014, ça été ma manière d’apporter ma pierre à l’édifice.

Comment vous partagez vous le temps de jeu dans les buts ? Une mi-temps chacun ? Qui commence ? Le rôle du coach dans ces décisions ?
Benjamin. Ce n’est pas nous qui choisissons. C’est Dylan -le coach- qui cinq minutes avant le match donne la compo et, en fonction de notre performance, on sait si on continue en 2ème période ou s’il y a un changement.
C’est toujours lui qui décide sauf, bien entendu si, ne se sentant pas bien, celui qui est sur le terrain demande à être changé.
Pierre. Dylan décide en fonction des séances d’entraînement de la semaine. Tous les lundis nous repartons de zéro.

Pendant les rencontres faites-vous part à votre collègue de vos observations ? Lui donnez-vous des conseils ? L’encouragez vous ?
Pierre. Le poste de GB est assez particulier. L’idée est effectivement de s’entraider dans les moments difficiles, de se donner des conseils. Il y a un seul gardien dans les buts mais l’idée c’est de travailler à deux.
Pour moi, le fait de savoir qu’on est deux me procure deux sentiments. D’abord cela soulage : si je ne suis pas performant je sais que je peux être remplacé car il y a une équipe à faire gagner. Ensuite cela me met un peu de pression mais il faut que cela reste une bonne pression.
Il y a toujours une part de psychologie. Consciemment ou inconsciemment, quand tu es seul, tu sais que tu vas jouer 60 minutes. Ton égo est flatté et cette pression positive peut disparaître.
Une bonne entente dans le binôme fait aussi la performance de l’un ou de l’autre.
Benjamin. Ma vision a un peu changé parce que, pendant des années, j’ai joué seul. Au début cela m’a fait bizarre de partager le temps de jeu mais, maintenant, vu que nous nous entendons bien, cela fait du bien de pouvoir me dire « si je ne suis pas bien j’ai quelqu’un pour m’épauler ». Cela m’enlève la peur de ne pas être à la hauteur.
Seul il n’y a pas cette pression de te dire si je fais une bêtise on va me remplacer.
L’important c’est de bien s’entendre.

Vous voyez-vous comme des concurrents à ce poste ?
Pierre. Sur le papier, oui on est concurrents en quelque sorte. On est à la fois concurrents et coéquipiers. Il faut qu’on soit concurrents d’une façon positive, qu’on ai cette forme de pression qui nous pousse vers le haut. Mais on est avant tout coéquipiers . On a le même maillot.
Benjamin. Je suis entièrement d’accord avec Pierre.

Comptez-vous jouer encore longtemps ?
Benjamin. Pour le moment, le fait d’arrêter n’est pas d’actualité, donc je l’espère. Après il y a des jeunes qui vont monter donc… Ensuite tout dépend des projets du club. S’il veut une réserve en N3 je sais que je suis trop vieux car il faudra 8 joueurs de moins de 23 ans sur chaque feuille de match.
A ce moment là, j’essaierai de faire monter l’équipe 3 en Pré-Nat… (Rires)
Pierre. Pour ma part je n’ai pas prévu d’arrêter. Pour moi le handball a toujours été un exutoire et a tenu une place très importante dans ma vie. Comme je suis un compétiteur j’essaierai de toujours jouer le plus haut possible en fonction de mes compétences du moment.

Parlez moi un peu de votre équipe et de vos espoirs pour ce groupe.
Benjamin. L’équipe a été reconstruite il y a maintenant 2 ans. L’an dernier on a fait une saison parfaite en restant invaincus en championnat et en terminant champions de Nouvelle Aquitaine en Excellence Régionale.
Cette année le groupe a été légèrement modifié et avec les descentes des joueurs de la N1 le groupe varie tous les week-end.
Cette équipe est jeune, nous nous entendons très bien à l’extérieur du terrain et nous arrivons à résoudre facilement les petites tensions.
Nous pouvons dire merci à Dylan qui, depuis l’an passé, a su tirer cette équipe vers le haut. Il est exigeant mais nous aussi car nous nous sommes fixés le top 3 en fin de saison. On travaille pour et je pense qu’on a un groupe pour y arriver.
Pierre. Pour moi, évidemment, c’est un groupe tout nouveau mais il est plein de qualités avec un jeune coach, dans un club bien structuré. Je suis très vite rentré dans le moule avec des jeunes qui ont joué le jeu. Sportivement, c’est la formation à la libournaise.
J’essaie d’apporter mon expérience et un peu de maturité à un groupe pétri de qualités et qui a besoin de beaucoup travailler mais qui sait aussi faire de bien belles choses.

Ton meilleur souvenir au HBCL ?
Benjamin. En fait j’en ai deux :
En premier la saison dernière avec la montée en Pré-Nat et l’esprit de groupe. Je n’avais jamais connu un groupe aussi fort en terme de cohésion.
En second l’année où, avec les U18, nous nous sommes qualifiés pour les phases finales à Créteil. C’était là aussi un bon groupe et une excellente génération.
Pierre. Pour moi c’est un ensemble de choses vécues pendant les premières années où j’ai commencé à jouer. Mon plaisir était de pouvoir venir dans les tribunes pour voir jouer l’équipe fanion. Je rêvais de prendre la place à quelqu’un et de vivre un match le samedi soir à 20h30.

Ton plus mauvais souvenir ?
Benjamin. La saison 2014-2015. Le club est descendu en N3 pour des raisons financières et c’était mes débuts en réserve. On partait à 6 ou 7 joueurs -souvent avec 3 gardiens- m’obligeant parfois à jouer dans le champ pour ne pas faire forfait.
Pierre. Je n’ai pas spécialement de mauvais souvenirs.

Pierre et Benjamin