Le petit mot d’Elino … #87
EMMY ET EVA JULLIEN-BRISSEAU
Du charme, du travail et de grandes ambitions dans l’arbitrage
Grosse surprise pour moi de découvrir ces deux jeunes femmes -sœurs jumelles- au caractère bien trempé, pleines d’ambitions et qui se donnent les moyens de réaliser leur rêve : devenir arbitres internationales.
Dans toutes les réponses à mes questions la passion transpire. On sent le bonheur qu’elles ont à pratiquer leurs activités. Que ce soit celle d’arbitres de niveau national ou celle de formatrices de jeunes arbitres. Elles sont intarissables, l’une complétant le discours de l’autre. A tel point que, rapidement, j’ai renoncé à les faire parler l’une après l’autre.
En les écoutant, je me suis reconnu à leur age. J’ai été conquis. Vous le serez aussi, j’en suis sur, en lisant ces quelques lignes.

Eva et Emmy
Merci de vous présenter.
Emmy Jullien-Brisseau 20 ans, domiciliée à Créon. Je suis en dernière année de licence d’histoire et je prépare le concours de professeur des écoles.
Eva Jullien-Brisseau 20 ans. J’habite à Créon. Je suis en 3ème année d’école de communication et je prépare mon diplôme pour la création de visuels.
Si je comprends bien vous êtes donc jumelles.
Oui.
Quel est votre cursus handballistique ?
Emmy. Nous avons commencé le handball à l’age de 7 ans en mini hand à Créon. Nous avons joué jusqu’à nos 19 ans et jusqu’en Régional.
Depuis 2020 nous sommes arbitres officiels. Dès l’age de 11 ans nous arbitrions pour le club. On a commencé en U15 et maintenant on arbitre de la N3 masculine et N1 féminine.
Ils vous respectent les garçons ?
Oui, on peut le dire !
Quand vous arbitrez vous souriez toujours comme aujourd’hui ?
Oui, toujours.
Pourquoi être venues à Libourne ?
Eva. Cela fait quelques années que Romain nous contacte avec comme projet de créer une école d’arbitrage c’est à dire de suivre, quoi qu’il arrive, les jeunes arbitres libournais au quotidien. On les accompagne, on leur fait des formations et nous faisons partie également du staff de la N1 en tant qu’arbitres.
Nous sommes aux entraînements 4 fois dans la semaine et, les mardis et jeudis, on intervient sur les 40 minutes de jeu proposées aux joueurs en arbitrant les fins de match.
Après on intervient sur des séances vidéo ou Romain se pose des questions au niveau de l’arbitrage et on lui donne des réponses. Cela permet aux joueurs de s’habituer aux nouvelles règles et cela nous permet aussi d’avoir une base de musculation. En effet, quand eux sont sur le terrain en train de jouer, nous on fait de la musculation.
Vous faites de la musculation vous ?
Oui. Beaucoup.
Ah bon ! Et pour quoi faire ?
Parce que la fédération est très à cheval sur le protocole poids, muscle, endurance. Nous sommes évaluées comme un sportif de haut niveau.
Avec tout ça vous avez le temps de poursuivre vos études ?
Oui. Nous avons toutes les deux un statut de sportif de haut niveau grâce à notre arbitrage en nationale et grâce à la formation du GLHB puisque nous sommes dans le staff de la N1.
Du coup, fin janvier, quand on part arbitrer des inter pôles féminins pendant une semaine et demi, ce statut nous permet d’avoir un justificatif pour manquer les cours, de les avoir en avance ou après. En plus, cela nous permet d’avoir notre tout premier contrat professionnel en tant qu’arbitre fédéral.
Donc aucune influence sur le déroulement de vos études ?
Non, car nous arrivons à gérer notre présence aux entraînements dans la semaine, nos cours et les gros déplacements du week-end dans toute la France. Nous avons trouvé un juste milieu entre le moment où il faut travailler et le moment où on ne peut pas.
Quelles sont vos ambitions dans l’arbitrage ?
Notre ambition est de monter au plus vite. On est dans le groupe Excellence 3 il nous faut le valider pour basculer à court terme en N2 masculine puis un peu plus tard en N1.
C’est du travail. On travaille énormément au niveau vidéo ainsi qu’en endurance. Il nous faut aussi un socle compétence et technique d’arbitrage. Romain nous aide aussi beaucoup avec la N1.
A plus long terme, notre ambition est de devenir arbitres internationales et donc au plus haut niveau en France. Notre plus grand rêve c’est de faire au moins une fois les JO et d’avoir à peu près le même parcours que les sœurs Bonaventura mais à notre façon. C’est à dire que, même si on nous a souvent comparées à elles puisqu’on est jumelles, on veut être complètement différentes, le faire à notre façon, grandir à notre façon et créer notre bout de chemin à notre façon.
Vous êtes suivies par quelqu’un ?
Oui. On a un tuteur, un élu de la fédération à qui on envoie des matchs tous les week-end. Dès qu’on a un souci on lui donne les informations et après il nous aide. On est quand même bien suivies.
Ces choix/ambitions communs sont-ils courants dans les cas de gémellité ?
En fait, jumeaux, jumelles, frères, sœurs, amis, il faut juste avoir l’envie au même moment et avoir la même idée de travail. Si les deux veulent travailler pour un but commun ça fonctionne. Après c’est sur qu’être jumelles c’est plus pratique parce qu’on a su très vite ce que l’on voulait faire et que l’expérience à deux est beaucoup plus incroyable.
Il n’y en a pas une qui a tiré l’autre ?
Non. On s’est décidées au même moment. Il y en a une qui a eu un peu plus la volonté au départ, elle a un peu poussé l’autre et tout s’est enchaîné.
Actuellement on a pas les mêmes études, une est à la fac, l’autre en école privée et on a pas les mêmes disponibilités mais chacune a mis un peu d’eau dans son vin pour avoir la même ambition et continuer, quoi qu’il arrive, pour que ça fonctionne.
On a pas la même vie, pas la même travail mais on arrive toujours à trouver le compromis pour avancer et continuer.
C’est une passion quoi.
Oui. On n’a jamais fait ça pour l’argent ou pour le niveau. On l’a fait par passion et on aime ça sinon on ne retournerait pas sur un terrain et que des matchs compliqués en N3 garçons comme le dernier que nous avons arbitré nous pousseraient plutôt à lâcher l’affaire.
Le club de Libourne correspond-t-il à vos attentes ?
On dit Libourne mais c’est surtout le GLHB qui répond à nos attentes. En tant qu’arbitres, grâce à son niveau N1, il nous apporte vraiment et Libourne nous apporte énormément dans le relationnel que l’on a avec les petits que l’on encadre à l’école d’arbitrage.
On a découvert des personnes, on s’est liées avec beaucoup et, franchement, on a superbement été accueillies. On est très heureuses d’être ici et ça répond à nos attentes… même si les U15G ne sont pas faciles à gérer à l’entraînement. Nous sommes un peu plus dures avec eux car ce seront les arbitres de demain.
Après on aimerait avoir un peu plus d’arbitres du côté féminin. C’est un peu notre mission ici : découvrir et former le prochain binôme libournais féminin.
