Le petit mot d’Elino … #14

PASSION QUAND TU NOUS TIENS …

Jouer au handball est un plaisir. Mais pour beaucoup, garçons ou filles, hommes ou femmes c’est également une passion. Et cette passion a pour conséquence des problèmes dans la vie de tous les jours qu’il faut résoudre pour pouvoir continuer à la vivre.
Dans l’équipe de pré-nationale féminine j’ai rencontré deux jeunes femmes dans cette situation. Pour elles, particulièrement gâtées par les pépins en tout genre,  il a fallu un énorme courage et une organisation sans faille pour continuer à pratiquer leur sport favori.
Je les ai vues toutes les deux débuter à Libourne. La première, Candice Baspeyras, une vrai pile électrique se battant avec le ballon sur chaque contre attaque sans toujours gagner ses duels avec lui. La seconde quelques années plus tard, Sarah Jarjanette l’inquiète, manquant totalement de confiance en elle, refusant l’échec jusqu’à se rendre malade.
Toutes deux ont, ou ont eu, leur lot de problèmes et j’ai voulu savoir comment elles les géraient.

CANDICE BASPEYRAS
Merci de te présenter.
J’ai 29 ans, je suis prothésiste ongulaire, j’habite Coutras, je suis mère
de deux enfants (4ans et 1 an) et je suis seule pour les élever.
J’évolue au poste d’arrière, à gauche ou à droite.

A quand remontent tes débuts au handball et quel est ton parcours ?
J’ai débuté au HBCL en U15 première année (13/14ans). Puis, mes parents étant mutés dans la région toulousaine, j’ai successivement évolué à Roques sur Garonne de 2010 à 2013 et à Tournefeuille pendant la saison 2013/2014.
Ensuite j’ai choisi de revenir en Gironde et, tout naturellement, j’effectue la saison 2014/2015 avec le HBCL. Puis, de 2015 à 2019 je signe à Blanquefort.
Enfin, en janvier 2020 je reviens au HBCL. Hélas le premier match se termine par une rupture des croisés. Coincidence ?  Cette année, lors du deuxième match de janvier je « me fais » les croisés de l’autre genou.

Pourquoi ce retour à Libourne ?
Le HBCL est mon club de cœur. Je voulais revenir jouer avec mes copines. En plus, ma grand mère vivant chez moi elle peut s’occuper de mes enfants quand je ne suis pas là.
J’y ai retrouvé une bonne ambiance et tout se passe bien pour moi, à part mes blessures évidemment.

Avant Noël, je t’ai vue arriver à Kany avec tes enfants, le petit dans son landau. La mi-temps à peine sifflée tu t’es précipitée vers le landau, manifestement inquiète. Que s’est-il passé ?
Mon fils était malade et je n’étais pas tranquille. Mon aînée, très malade à sa naissance, ayant dû subir plusieurs opérations je m’inquiète toujours quand le petit ne va pas bien.
Pendant le match je regardais vers mon fils pour voir si cela allait. Je faisais confiance à ceux qui le surveillaient et, si on m’avait signalé un problème je serai partie à la mi-temps.
Le fait d’être seule pour élever mes enfants est un vrai problème. Cela demande une organisation très difficile à mettre en place pour gérer à la fois mon travail, mon rôle de maman et mes activités handballistiques.
Heureusement ma mamie peut m’aider.

Comment as-tu vécu cela sur le terrain ?
J’avoue que je n’étais pas tranquille. Est-ce que je devais quitter le terrain ou rester? Un moment  très difficile à vivre pour moi. Evidemment mon rendement pendant ce match s’en est ressenti. Sinon, la plupart du temps, jouer me permet pendant quelques heures d’oublier tous mes tracas. Une vraie bouffée d’oxygène.

Quel est ton meilleur souvenir au HBCL ?
Indiscutablement mes années U18. Nous étions toutes copines et il y avait une super ambiance. En plus, avec Romain comme entraîneur, le travail était d’une grande qualité.

Ton -ou tes- plus mauvais souvenirs ?
En fait j’en ai deux : les ruptures de mes ligaments croisés à trois ans de distance presque jour pour jour (janvier 2020 et janvier 2023).

Jusqu’à quand comptes-tu jouer ?
Tant que mon corps dira oui je continuerai.    

SARAH JARJANETTE

Sarah, à ton tour de te présenter.
J’ai 24 ans, je suis gendarme à Draguignan dans le Var et je suis célibataire.
J’évolue au poste de pivot.

A quand remontent tes débuts au handball et quel est ton parcours ?
J’ai découvert le handball à 12 ans dans le club de Coutras. A 15 ans, en arrivant en seconde au lycée Max Linder, j’ai tout naturellement opté pour le Hbcl. Ensuite je suis partie à Saint Loubès pour, enfin, revenir au Hbcl.

Pourquoi ce retour à Libourne ?
Pour retrouver mes copines et l’ambiance qui régnait lors de mon passage chez les jeunes. Cette ambiance est toujours bonne entre nous et c’est pour cela que je reste.
A mon retour j’ai été très bien accueillie. Compte tenu de mon éloignement je joue dans l’équipe de pré-nationale sans entraînement ou presque. Donc, pour moi, c’est Libourne ou rien.

Comment t’organises-tu pour pouvoir garder la forme et pouvoir jouer quelques matchs ?
Au lieu de travailler 5 jours par semaine je travaille 6 jours. Je cumule donc des jours de repos  et, quand j’en ai assez, je prends une semaine de vacances en prenant bien soin qu’elle coïncide avec un match de mon équipe.
Entre temps je m’entretiens physiquement en faisant de la couse à pied .

Quel est ton plus mauvais souvenir ?
Quand je suis tombée malade. Une maladie nerveuse qui atteint le visage d’abord puis les bras et, enfin, les jambes. J’étais paralysée. Je ne savais pas si je pourrais remarcher un jour et, si oui, si je pourrais reprendre un sport de contact.
Les médecins m’avaient annoncé 2 ans de rééducation pour réapprendre à marcher.
J’ai été prise de panique.
Finalement, au bout de 6 mois et beaucoup d’efforts, j’ai retrouvé l’usage de mes membres presque normalement. Après, j’ai pensé à récupérer mon corps, ma vie. Une vie qui s’ouvrait à nouveau devant moi après avoir frôlé un précipice.
Depuis cette période noire je réfléchis différemment. Je suis toujours exigeante avec moi même mais je relativise les choses. Je ne rends plus malade. 

Ton, ou tes meilleurs souvenirs ?
Il y en a deux.
Le premier c’est un tournoi de phases finales de championnat de France avec les U18. Tournoi avec 4 équipes dont une de Paris (je ne rappelle plus des autres).  C’est la première fois que l’on jouait à ce niveau et l’ambiance était extraordinaire dans l’équipe  mais aussi  au bord du terrain. 
Notre victoire du premier match le samedi nous donnait le droit de revenir le dimanche pour une finale qui, en cas de victoire, nous qualifiait pour le tour suivant.
Défaite malheureusement mais toujours dans une ambiance extraordinaire.
Le deuxième c’est quand je suis sortie de l’hôpital et que mes copines sont venues me chercher et amenée, dans mon fauteuil roulant, dans le rond central du terrain de hand à Kany. Là, elles m’ont entourée et, toutes ensemble, nous avons poussé notre cri de guerre.
Une grande émotion pour moi d’autant qu’à ce moment là je ne savais pas si je pourrais rejouer un jour. .

Jusqu’à quand comptes-tu jouer ?
Tant que je pourrai !