Le petit mot d’Elino … #21

CHAMPIONNAT DE FRANCE UNSS A PAMIERS.

LES COULISSES D’UNE MEDAILLE DE BRONZE.

Nul doute que Pamiers, ce championnat de France UNSS et cette médaille de bronze resteront longtemps dans les mémoires des élèves du collège M.Duras, des parents accompagnateurs et du staff.
Romain Cazemajou nous raconte cet exploit, cette magnifique aventure humaine vécue pendant les quatre jours du tournoi.
Lisez, même si c’est long, son témoignage. Vous y découvrirez toute la difficulté de ce championnat. Vous apprécierez l’incroyable méticulosité de la préparation du groupe et des rencontres avec des joueurs aussi jeunes. Vous sentirez l’extraordinaire osmose qui s’est créée entre tous au fil des jours. Et surtout vous ressentirez toute l’émotion, toute la fierté qui ont étreint tout ce petit monde pendant la compétition et après la médaille bien sûr.
A découvrir absolument.

Romain, d’abord quels sont tes sentiments après cette belle aventure couronnée par une magnifique médaille de bronze ?
Tout d’abord, cette troisième place vient conclure une aventure qui a démarré depuis 4 ans pour les élèves de la section, tous ou presque licenciés au HBCL. Une aventure qui les voit s’entraîner 4 à 6 fois par semaine depuis 4 ans et qui a forgé des liens fraternels entre eux. Il se sont promis de donner le maximum, mais ils nous ont jamais dit que leur maximum pouvait s’élever aussi haut. Quand on parle de haut niveau, on pense au sport professionnel en catégorie senior, mais je peux affirmer que ce que je vois d’eux depuis 4 ans, c’est cela le haut niveau. Dans l’engagement, dans le rythme de vie, dans le double projet études/handball, dans la vie de groupe et dans leur construction personnelle. Bravo à eux, chapeau bas…

Quels étaient les membres du staff avec toi ? avec quel rôle ?

Tout d’abord, les représentants du collège Marguerite DURAS :

  • Hélène DESAGES ; professeur d’EPS, responsable de la section sportive, elle a en charge toute la partie administrative de la vie de la section et intervient une fois par semaine avec les 6eme-5eme, et à chaque fois qu’il faut remplacer un éducateur. Elle était le lien entre nous et les organisateurs de la compétition.
  • Sébastien VEDRENNE ; professeur d’EPS, futur responsable de la section sportive. Il s’est occupé de l’aspect physique de la compétition, en charge des soins, des réveils musculaires, des échauffements, et il prenait également les statistiques des tireurs et des gardiens de toutes nos rencontres. Il est aussi intervenu sur la préparation mentale du groupe.
  • Pierre GOYHENEIX ; éducateur à la ville de Libourne, intervenant 2 fois par semaine sur la section sportive. Pierre était mon adjoint tout au long des deux années écoulées, il a un rôle de conseiller individualisé, il intervient à l’oreille, il fait tout le travail de l’ombre, il donne confiance ou recadre sans que cela ne perturbe la marche collective du groupe. Il décide également les choix stratégiques collectifs dont on discute beaucoup pendant la compétition.
  • Guillaume DUVERGE ; éducateur au HBCL, intervenant permanent à la section sportive du Lycée Jean Monnet. Guillaume avait en charge l’analyse vidéo, et venait aider Pierre dans sa tâche de conseiller individualisé auprès des jeunes. Il décidait également des choix stratégiques collectifs.
Le staff après la médaille de bronze : joie et fierté.

Chaque personne pouvait aider l’autre dans le staff et les multiples réunions ont toutes aidé au bon fonctionnement du groupe.
Je veux rajouter que les matchs UNSS sont en 2×15 minutes, ce qui laisse peu de place à l’approximation. Seules les équipes efficaces en début de rencontre peuvent espérer l’emporter. Pas de place à l’observation !
Aussi, nous affrontons exclusivement des sélections régionales, ce que l’on appelle des « pré-pôles » qui réunissent les meilleurs handballeurs de leur région dans un collège où l’emploi du temps est aménagé de telle manière que les élèves s’entraînent tous les jours en plus de leurs entraînements de club. Des mastodontes du Parcours de Performance Fédéral (PPF). S’inviter parmi eux est déjà en soi un exploit.

Quelques parents vous ont accompagnés. Quel a été leur rôle ?
Les parents ont été tout d’abord un soutien psychologique pour les joueurs habitués à les voir avec eux en tribune lors de tous les matchs de leur saison sportive au HBCL. Ils permettaient de se sentir un peu à la maison. Ils ont également pu soutenir Sébastien dans l’aspect médical en accompagnant les blessés aux examens médicaux, dans la logistique (déplacements, maillots, etc.. ) et la gestion de la pharmacie.

Quel était l’objectif initial ?
Nous avons démarré l’aventure par l’organisation d’une réunion avec les joueurs en leur expliquant que nous les aiderions à atteindre les objectifs qu’ils se fixeraient, mais qu’en aucun cas nous prendrions un chemin différent du leur. Les joueurs ont souhaité gagner tous les matchs à leur portée en mettant tous les détails dans la balance positive (préparation mentale, physique, analyse vidéo, récupération, alimentation, étirements, comportements, attitudes). Ils voulaient faire plus ou mieux que leurs adversaires, et notre rôle était de donner le cadre pour y arriver.

Comment avez-vous géré ce groupe d’ados ?
L’aspect compétitif ne peut pas être seul au cœur de leur voyage. Ces compétitions loin de chez eux sont les toutes premières de leur vie de sportifs. Ils restent des adolescents, on a donc jonglé entre des moments légers, où ils étaient plutôt libres de faire ce qu’ils voulaient, et des moments où la bascule psychologique pour rentrer à nouveau en mode compétition devait se faire. Ils ont réussi avec brio, et à notre grande surprise je dois dire…

En ce qui concerne la compétition proprement dite raconte nous :
=> la phase de groupe (ambiance, résultats, réactions des joueurs, confiance …).

Nous avons commencé par Billy Montigny (N2- petit poucet avec nous de la compétition) pour rentrer dans la compétition qui n’acceptait pas la colle (tous les handballeurs vous diront que sans colle, la manipulation du ballon n’est pas la même. Et c’est encore moins simple lorsque l’on a des petites mains, caractéristique de quasi toute l’équipe de Libourne qui, je le rappelle, n’est pas une sélection régionale mais l’équipe de copains d’une ville de 25000 habitants qui ont donné leur confiance au collège Duras et au HBCL). L’entrée en matière est réussie, victoire 21-16 ce qui nous permet d’aborder le second match de la journée comme qualificatif au ¼ de finale, synonyme de 8ème place France UNSS Excellence…
Déjà un rêve !
Le second match nous opposait à la section sportive de Chambéry (D1) dans l’obligation de l’emporter pour ne pas se voir disqualifiée. Je vous avoue que lorsque j’ai vu les joueurs de Chambéry s’amuser juste après le repas pendant leur digestion, alors qu’on avait tanné les nôtres sur l’importance de la récupération, je jubilais intérieurement. Victoire de 2 buts, dans un match où le détail à eu une importance capitale… Le travail vidéo ? Les bons choix des joueurs ? L’engagement physique ? Nous étions mieux préparés et avons battu une équipe aussi armée que nous pour l’emporter !
Qualifiés ! Juste incroyable…
De quoi donner du courage dans le rythme effréné qu’ont mis les jeunes dans leur quête de faire plus ou mieux que tous. Déjà se dessine le fait que nous défendons bien, mais que le ballon, dans nos petites mains, et contrairement à nos adversaires, glisse un peu trop pour assurer une attaque performante. Défendre, c’est bien la clé !
Nuit calme, sereine, et débute le troisième et dernier match de la poule contre Nancy (D2) où le niveau s’élève encore un peu. Le match est très serré sur la première mi-temps, mais en seconde, voilà que nos efforts défensifs paient, et après 4 récupérations de balle en 5 minutes, nous voilà à +5. Il reste 8 minutes et nous faisons tourner, nous projetant déjà sur le ¼ de finale promis depuis la veille… Victoire d’un petit but après un poteau qui nous sauve la première place et un arrêt à 6m de notre gardien à la dernière seconde de jeu…
Pour la sérénité, on repassera ! Maintenant nous le savons, plus rien ne sera facile.
=> le 1/4 de finale. Sa préparation, le match, l’ambiance après le résultat …
Repas, retour à l’hôtel, repos ou sieste, vidéo, tout est prêt pour le match le plus difficile du tournoi contre Pontault Combault (D2) . Début très serré (comme d’habitude), les deux équipes se rendant coup pour coup jusqu’à 5 minutes de la fin du match où notre défense commence à faire des dégâts. Nos gardiens sortent les tirs des adversaires qui se découragent, et nous, tout rentre. 18/18 à 5 minutes de la fin, victoire 23/19 ! Quel beau combat… Les copains étaient de sortie cette après-midi-là. Incroyable ! Des sourires sur tous les visages, des joueurs blessés, empruntés, mais fiers du travail accompli.
Nous voilà l’un des 4 meilleurs collèges de France !

=> la 1/2 finale. Tout le monde commençait-il à penser -rêver- à un titre de champion de France ?
Nous rentrons à l’hôtel, et après quelques calculs, nous nous rendons compte que nous affrontons demain matin à 8h les favoris (et futurs champions pour la seconde année consécutive), Chartres (D1). Nous traverse l’idée que nous ne rentrerons pas sans médaille, et que même si cela ne changeait rien à l’exploit déjà écrit, une médaille autour du cou avait bien plus de valeur qu’un souvenir si beau soit-il. Nous dormons comme nous pouvons. Réveil musculaire, analyse vidéo, nous décidons avec le staff de ne pas effrayer nos joueurs et donc de ne pas montrer d’images de Chartres. Dans les vestiaires, nous en faisons des caisses, et à la vue des physiques de nos adversaires, les joueurs nous croient volontiers. On nous promet une raclée, mais nous sommes prêts !
Un combat acharné, une lutte sans pareil, David contre Goliath, nous perdons 9-8 à la mi-temps ! Conscients que nous avons réveillé la bête, nous décidons de tenter le tout pour le tout au retour des vestiaires, mais la bête est bien réveillée, et un écart se creuse : moins 5 au bout de 5 minutes de jeu. Nous décidons de nous concentrer sur la médaille, et lâchons petit à petit du terrain dans ce combat que nous acceptons de perdre. L’adversaire est trop fort. Défaite de 9 buts, mais nous les avons fait trembler !
La fierté est là, mais pas encore la médaille.

=> la petite finale.
Me prend personnellement un stress qui commence à m’envahir de plus en plus, je sens mon groupe exténué, tous sont plus ou moins diminués par des petits bobos. Ne pas remporter de médaille laissera à jamais un goût amer à la plus belle aventure sportive de leur vie. Je ne connais pas l’adversaire, Aix-en Provence (D1). Personne de Duras ne les a vus jouer. Nous naviguons à vue. Quand on les voit arriver, je comprends de nouveau qui est David et qui est Goliath… Seulement, dans leurs yeux, on sent de la tristesse d’être là, en « petite » finale. Alors que nous, inconsciemment, par le tirage au sort, nous étions malgré tout préparés à cette petite finale, et sans manquer d’ambition. Début du match en notre faveur, +1 au bout de 5 minutes, l’entrée dans le match est très bonne, l’adversaire fait ce qu’il peut pour nous ralentir un peu, mais leur déception, leur fatigue, se voit et, après leur temps-mort posé très tôt, on comprend qu’on est bien plus reposés qu’eux, que mentalement nous sommes prêts au combat qui nous attend. Nous décidons d’accélérer un peu, de courir d’avantage, et nous voyons nos adversaires craquer petit à petit. Plus 5 à la mi-temps. L’euphorie nous prend, nous devenons injouables, inarrêtables, +10 cinq petites minutes après le début de la seconde mi-temps, et voilà que le banc de touche confirme son excellente forme sur ce tournoi. L’écart se creuse, nos adversaires rendent les armes.
Médaillés de bronze !!! Quel sentiment fantastique, avoir tout donné, et ne faire plus qu’un avec le staff, l’équipe, les parents, se remémorer tous les sacrifices pour en arriver là, la joie sur le visage de tous ces ados.
C’est inoubliable.

Après l’accueil des parents au retour, les joueurs ont-ils pris conscience de l’exploit réalisé ?
Pas assez ! Mais c’est bien normal, tous n’ont pas eu la chance de voir le tournoi et le niveau de jeu de tous nos adversaires. Les parents accompagnateurs eux le savent, Duras a brillé pendant ce tournoi. Nombreux ont été nos adversaires à féliciter nos joueurs pour leur comportement sur et en dehors des terrains. Cette performance marquera leur vie, la nôtre, celle du collège, celle du club, et je l’espère celle de la Ville de Libourne.
Nous pouvons être fiers de l’exploit réalisé et poursuivre notre engagement auprès de notre jeunesse. De notre avenir tout simplement.