Le petit mot d’Elino … #74

GAETAN MAS

ALLO MAMAN BOBO…

Comment tu m’as fait, j’suis pas costaud
Allô maman bobo (1)

Dans les sports collectifs de contact, rares sont les joueurs arrivant en fin de carrière sans avoir subi quelques blessures. Quelquefois même dans la même saison comme Matthias Poulet, le capitaine de l’équipe de la N1 du GLHB, victime d’une rupture partielle d’un tendon d’Achille après quelques matchs puis, peu de temps après sa reprise, d’une probable rupture des ligaments croisés. Plus malchanceux que lui il faut chercher pour trouver.
Et bien, j’ai cherché et j’ai trouvé. A la différence que les blessures de ce joueur se sont échelonnées sur plusieurs saisons de sa jeune carrière.
Ce joueur malchanceux, ce poissard, je n’ai pas eu à le chercher bien loin. Je l’ai trouvé dans l’équipe de seniors 2 du GLHB.
Il s’agit de Gaëtan Mas, 24 ans, habitant Libourne et travaillant comme directeur animateur dans un centre de loisirs à Saint Antoine de Breuilh, en Dordogne, près de Sainte-Foy.
Je n’ai pas résisté, pour satisfaire ma curiosité, à lui poser quelques questions.

Malgré tous ses déboires, Gaëtan garde le sourire.

Gaëtan, quel est ton cursus handballistique ?
J’ai commencé le handball très tard, en première année de U18 à Coursac, en Dordogne. J’ai suivi le chemin tracé par ma mère, handballeuse de très bon niveau qui a fait le pôle à Talence (avec Jérôme Fernandez). Partie pour faire les championnats d’Europe en équipe de France U21 elle a subi une rupture des croisés et a dû rentrer.
Du coup elle a pris l’entraînement des U18 du club de Coursac et j’ai débuté avec elle.
Par la suite je suis parti à Champcevinel en U17 région puis j’ai évolué 2 ou 3 ans en Pré-nationale dans ce club.

Comment es-tu arrivé à Libourne ?
A la base c’est professionnel. Ma compagne est institutrice à Libourne et je l’ai rejointe. J’ai fini la saison à Champcevinel mais je m’entraînais à Libourne. Romain Cazemajou m’a sollicité pour rejoindre le GLHB, j’ai accepté et j’ai fait la préparation avec la N2. Mais, rapidement, avec 4 entraînements par semaine plus mon travail ce n’était plus possible de continuer. Je me suis blessé à la cheville à la fin de la préparation et j’ai fait le choix de ne faire que 3 séances par semaine et de jouer avec l’équipe 2.

Tu commences à me parler de blessure. Raconte moi un peu le chemin de croix d’un jeune joueur de 24 ans.
C’est une longue série de pépins depuis plusieurs années. Dans l’ordre, une luxation de la cheville droite, un arrachement ligamentaire à la cheville gauche, une sub-luxation du coude et, cela devait arriver, une rupture des croisés -comme ma mère et comme tous les membres de la famille. C’était en avril 2024. Le 5 exactement.
La liste est longue mais ce n’est pas fini. Au mois de mars de cette année, pour mon premier match de reprise après presque un an de galère, j’ai ressenti un petit clac dans le genou et j’ai cru à une nouvelle rupture des croisés.

Lors de cette dernière blessure je t’ai vu à genoux, tapant avec rage le parquet avec tes mains. Qu’as tu ressenti à ce moment là ?
De la peur. Beaucoup de peur parce que, après la dernière blessure, ce sont beaucoup de mois d’efforts pour revenir. J’ai eu peur d’avoir tout gâché, de devoir repasser sur la table d’opération, chez le kiné, d’être à nouveau loin des terrains, loin des copains…Peur d’avoir gâché mon investissement pour réparer ce genou et d’être obligé de repartir « en chantier ».

Qu’as-tu fait alors ?
Je sentais quand même que ce n’était pas la même douleur que celle ressentie pour les croisés mais, en panique, je suis directement parti aux urgences puis j’ai vu le chirurgien qui m’avait opéré.
Tout le monde m’a rassuré en me disant que j’avais dû faire une « simple petite entorse du ligament interne », que ce n’était pas bien grave, que cela allait s’arranger rapidement et qu’il fallait que « je soigne ma tête » !!!
Finalement, 3 semaines après l’alerte, j’ai rejoué et j’ai fini la rencontre sans nouveau problème.
Ouf ! Il est vrai que je ne suis rentré que quelques minutes sur le terrain. Merci Dylan.

Comment te sens-tu à Libourne ?
Bien. Très bien. Avec ma compagne nous avons trouvé une maison et nous sommes bien installés.
Côté club, nous sommes une bande de copains et on a plus ou moins le même groupe que l’an passé où on a réalisé une saison incroyable : invaincus en Excellence Régionale ce qui n’est pas si courant. Même si je n’ai pas pu la finir suite à ma blessure j’ai trouvé cette saison géniale.
Cette année est de la même veine. On vient de battre les leaders pour la deuxième fois et, même si on peut avoir des regrets sur quelques matchs (Lezay, CAPO Limoges…), la saison reste excellente. D’autant qu’au départ l’objectif du club était de se maintenir et de prouver qu’on avait notre place à ce niveau. Et là, en battant 2 fois les premiers, on l’a prouvé. Le groupe est jeune, il doit apprendre énormément mais le travail fourni à l’entraînement avec Dylan est de qualité.
C’est un groupe où on se sent bien et on a envie de ne pas le quitter ou d’y revenir au plus vite.

Après avoir évoqué tous ces mauvais souvenirs, raconte nous maintenant ton meilleur à Libourne concernant le handball.
C’est paradoxal car je n’étais pas sur le terrain, mais la pression est encore plus forte sur le bord, c’est notre match dans les Pyrénées contre Ossau à la bagarre avec nous pour la montée. Une victoire de notre part était synonyme d’accession à la pré-nationale. Les copains ont réalisé une superbe prestation. Ils ont été extraordinaires en assurant cette victoire.
Je me revois avec mes béquilles, mon atèle, essayant de ne pas trop sauter de joie pour ne pas me faire mal. C’est un excellent souvenir.
Une anecdote. A la fin de la rencontre Enzo, en secouant une chaise, a dû prendre une poussière dans l’œil ou avaler quelque chose et il a eu une réaction allergique. Il s’est mis à gonfler et on a fait le retour dans le mini bus avec un Enzo gonflé à l’hélium au niveau du visage.
Un super souvenir ! Peut-être pas pour lui…

(1) inspiré de la chanson d’Alain Souchon « Allô maman bobo »

Sourire retrouvé pour Gaëtan