Le petit mot d’Elino … #72
PIERROT LEVASSEUR
L’HOMME QUI PARLAIT A L’OREILLE …DES ELEPHANTS DE MER

Il y a un mois je vous présentais Pierre Hantz et Benjamin Sabourin, les deux gardiens de l’équipe de pré-nationale du GLHB. Aujourd’hui je vais vous présenter Pierrot Levasseur, 23 ans, ingénieur avec comme spécialités l’océanographie et l’hydrographie, le « petit » dernier du groupe, arrivé début janvier.
Enfin, petit c’est une façon de parler. En fait, pour lui poser mes questions, quelque peu impressionné , je l’ai fait asseoir. C’était plus commode ! En effet le gaillard mesure entre 2mètres et 2,10 mètres. Combien exactement ? Il n’en sait rien car, la dernière fois qu’on a essayé de le mesurer, la toise ne faisait que 2 mètres, donc les centimètres supplémentaires lui ont été attribués « au pif » ! Si on ajoute à cela son poids oscillant entre 110 et 115 kilos -que du muscle- vous comprendrez qu’il y a de quoi impressionner.
Et l’interview également. J’ai trouvé passionnant le récit de sa jeune vie que très peu de personnes peuvent se targuer d’avoir vécue.
Pierrot, parle moi de ton parcours handballistique.
Quand j’étais petit, je pratiquais la natation et le handball. Au collège j’ai abandonné la natation mais gardé le handball.
J’ai évolué au niveau régional en U15 (en Alsace). J’ai fait partie de l’équipe départementale du Haut Rhin. J’ai participé également aux sélections pour le Pôle mais je n’ai pas été pris. Anecdote amusante : le médecin qui s’occupait des tests a dit que j’étais trop petit -entre 1,65 et 1,70 à 14 ans- mais, surtout, il a déclaré que je ne grandirai plus et donc que mon profil n’était pas intéressant !!!
Ensuite j’ai privilégié mes études mais j’ai continué le handball en U18 Région puis, toujours en Alsace, en départemental seniors ce qui m’a permis de jouer avec mon père.
Ensuite je suis parti en Bretagne pour faire mes études dans une école d’ingénieurs.
J’ai continué le handball dans un club près de Brest au niveau pré-nationale. Le club accédant en N3 j’ai pu évoluer deux saisons en N3 comme pivot et poste 3 en défense.
Enfin, j’arrive à Libourne en pré-nationale avec, si ça se passe bien, la possibilité d’évoluer plus haut par la suite.
Pourquoi cette arrivée à Libourne en janvier seulement ?
Parce que j’étais en stage de fin d’études depuis avril dans un laboratoire du CNRS où je travaillais sur les éléphants de mer et j’ai eu la possibilité de partir sur les îles Kerguelen. Surnommées « les îles de la désolation » ces îles subantarctiques se situent tout au sud de l’océan indien. C’est « un peu perdu » ! J’ai eu l’occasion de travailler sur les éléphants de mer, leur suivi, leur navigation, leur migration. J’ai eu également la possibilité de travailler sur deux programmes de recherche sur les manchots.
Raconte nous cette aventure.
Pour y aller c’est déjà une aventure. Ces îles se trouvent à 2 semaines de bateau de La Réunion et c’est le seul moyen d’y accéder. A l’arrivée, on nous descend sur terre avec un hélicoptère. C’est un peu plus petit que la Corse et il y a 40 personnes qui y habitent, des militaires français essentiellement. (pendant mon séjour nous étions un peu moins de 50)
Deux semaines en bateau, cela ne m’était jamais arrivé. On est avec l’équipage et les personnes avec lesquelles on va travailler sur l’île. Pendant le voyage j’ai pu observer des albatros, des orques et même des baleines. C’était déjà le début de l’aventure.
On arrive avec les éléphants de mer et on aperçoit une base avec quelques maisons puis plus rien. Tout le reste est complètement sauvage. C’est fantastique.
La manipulation des animaux sur place est difficile. Elle doit se faire avec précaution, en respectant leur bien-être et les réglementations en vigueur. Ils ne connaissent pas l’homme et ils n’en ont pas peur. Il est possible de les observer de près mais en respectant leur espace et leur tranquillité. (photos).
Pendant mon séjour j’ai pu poser des balises sur des éléphants de mer. (photo)
Finalement j’ai été coupé du monde pendant plusieurs mois (d’août à mi-novembre) et je garde un souvenir impérissable de cette aventure.

Il n’y a personne ?

Si, si, on est là

Salut Pierrot, ça va ?

Je suis venu avec des copains. Alors tu me la poses quand cette balise ?

Voilà, c’est fait.


Les nouveaux amis de Pierrot : des manchots et un pétrel Géant.
Parle nous de tes débuts à Libourne.
Je suis revenu en décembre et, début janvier j’étais à Kany avec l’équipe de pré-nationale. Je suis arrivé dans un groupe déjà formé, avec une bonne dynamique. Les gars sont plutôt accueillants et sympathiques.
J’essaie de me donner à fond et, s’il est possible de jouer en N1, je saisirai l’occasion. J’adore la défense, j’aime bien « mettre la gueule dedans » ce qui me vaut quelques exclusions temporaires mais j’estime qu’un bon défenseur au poste 3 doit prendre au moins une exclusion par match sinon il est trop tendre.
En attaque, par contre, je n’arrive pas à prendre mes marques, je ne suis pas à l’aise dans le duel tireur-gardien.
Les quelques entraînements communs avec la N1 me font toucher du doigt la différence de niveau mais c’est ça qui est motivant. Tant qu’à être ici mon but est de progresser. Que ce soit au handball ou dans ma vie professionnelle.
Ton avenir à Libourne ?
Je n’ai pas encore trouvé de travail dans la région donc, en attendant, je donne des cours de maths dans un collège de Talence.
J’essaie de rester ici mais, évidemment, j’ai plus de propositions en Bretagne. Pour le moment je les refuse mais, si je ne trouve pas ici un poste qui me plaise vraiment il y a de grandes chances pour que je retourne en Bretagne.
Je ne peux pas trop attendre car, si j’ai un diplôme sans avoir exercé ça ne me sert à rien.