Souvenirs, souvenirs … #1

Dans cette rubrique vous trouverez tous les quinze jours des souvenirs ou des anecdotes ayant émaillé le handball depuis son apparition à Libourne. En 1961 dans un championnat pour non licenciés. En 1962 pour ses débuts officiels.
Aujourd’hui les années 60.

SOUVENIRS D’UNE EPOQUE QUE LES MOINS DE 70 ANS NE PEUVENT PAS CONNAÎTRE.

LA SURPRISE DU CHEF.
Alain Martorell.

1961. Soir de novembre. Stade Clémenceau.
J’arrive pour l’entraînement des athlètes de l’ASPTT. Dans le vestiaire, le « chef de file des lanceurs », Elino De Nardi, nous annonce que « ce soir on va faire du Handball » …

Quésaco ? … C’est comme le football, nous dit-il, en retirant un petit ballon de son sac, mais ça ne se joue qu’avec les mains, sur un petit terrain avec des petites cages …
L’instant de surprise passé, on mobilise les gros bras et quelques sauteurs … L’enthousiasme est général …
L’aventure peut commencer.

L’ASTUCE.
Alain Martorell.

Toujours à la recherche de nouveautés, notre « Chef » Elino, lassé de nous voir échapper des ballons mouillés, glissants comme des savonnettes eut, un jour, une ingénieuse idée : s’enduire les mains de colle avec des rubans « tue-mouches » que nos grands mères suspendaient dans leur cuisine, pour capturer les insectes indésirables; inutile de préciser qu’au bout de dix minutes, le ballon devenu poisseux comme un pot de miel, avait encollé aussi les mains des adversaires qui n’avaient rien demandé.
Personnellement, en tant que gardien de but, je jouais avec des gants, ce qui m’évitait le désagrément du nettoyage des mains post match.

HIVER.
Jacques Lavie.

Je me souviens d’un dimanche d’hiver, il faisait particulièrement froid, il était tombé un peu de neige dans la nuit mais cela ne constituait pas un obstacle. L’équipe adverse s’était déplacée malgré la météo, elle ne devait pas venir de très loin ! Et le match débuta dans ce froid sibérien !
Nous étions tellement frigorifiés que nos muscles étaient comme tétanisés. Au bout d’une demi heure, c’est à dire à la fin de la première mi-temps, le score était de ….0-0. Nos tirs qui, habituellement, laissaient peu de chance aux gardiens adverses ressemblaient à d’aimables passes et nous avions même le plus grand mal à nous saisir du ballon. Il n’a pas dû y avoir de mi-temps, nous avons simplement changé de coté, l’expression « rentrer aux vestiaires » ne signifiant rien.
Je ne me rappelle pas le score final. Nous avons dû gagner, comme d’habitude, mais notre principale victoire ce jour là, a, sans doute, été de regagner nos maisons chaudes et accueillantes.
Nous ne pouvions pas deviner, ce jour là, qu’un jour le handball se pratiquerait dans des salles confortables et chauffées.

Dur dur d’être pionniers…

C’ETAIT LE TEMPS DES DINOSAURES.
André Baudry.

Quand je suis devant mon petit écran, ces handballeurs modernes me semblent tellement différents de ceux de mes débuts que j’en arrive à douter que nous essayions de pratiquer le même sport !
Quel chemin parcouru !
Ce handball, maintenant si médiatisé grâce aux performances de générations surdouées, était des plus anonymes quand j’eus la chance de pouvoir le découvrir à mon adolescence.
« A quoi joues-tu ?» me demandait-on dans ma campagne profonde. Dire au « football à la main » était l’échappatoire la plus facile et la mieux comprise dans ce monde où seul le foot existait.
J’étais trop fier de jouer à l’ASPTT Libourne avec d’autres dinosaures que j’ai eu la grande chance de côtoyer à mes débuts : les Elino, Jacques, Jean (trop tôt disparu) … Georges …
C’était mon bol d’oxygène dominical.
Moi, chien fou malingre et hargneux, eux, toujours dans le calme et la pondération, c’était ma thérapie !
Que dire des terrains, au mieux goudronnés, au pire en terre battue, toujours en plein air. L’hiver, c’était parfois dantesque. La chute était bien sûr interdite.
Jouer à Barbey ou à Pauline Kergomard était alors le bonheur suprême !
Le ballon, un gros « truc » en cuir qui se pelait très vite sur le goudron et qui devenait une affreuse éponge au moindre signe d’humidité, ne facilitait pas les échanges. Les chaussures, de vulgaires baskets dont la semelle était si fine que nous ressentions tous les chocs en direct.
Je pense que mes malheureuses vertèbres s’en souviennent encore !
La construction du gymnase KANY changea littéralement la donne et participa sans aucun doute à la merveilleuse aventure du handball libournais.
Vraiment une autre époque.

Alain Martorell
André Baudry
Jacques Lavie