Souvenirs, souvenirs … #5

GUEGUERRES DE CLOCHER.

Dans les années 60 et 70 il n’était pas rare de voir des rencontres de sport-co. dégénérer. Le handball n’échappait pas à la règle, que ce soit au niveau départemental ou régional.
En Gironde les matchs entre L’ASPTT et Le Puy étaient toujours tendus. Pourquoi ? J’avoue ne pas savoir.
Au niveau régional les relations entre les pyrénéens et les girondins étaient exécrables. Les premiers reprochant aux seconds -pas toujours à tort- une certaine suffisance à leur égard et de les traiter de « paysans ».
Heureusement les relations entre clubs se sont pacifiées et tout cela a pratiquement disparu.

EVASION COLLECTIVE.
Thierry Dehaut.

Avec l’ASPTT, je me souviens d’un match à Pau. Ce jour-là, il y a eu quelques accrochages et menaces pendant le match, c’était tendu ! La rencontre terminée, alors que nous étions revenus dans notre vestiaire, un des joueurs de Pau est venu taper à notre porte pour réclamer le ballon du match que nous avions soi-disant « volé ». Un de nos joueurs a refermé violemment la porte sur son nez et il y a eu une bousculade dans le couloir des vestiaires.
Le concierge est intervenu et nous a donné la clef de notre vestiaire pour que nous puissions prendre tranquillement notre douche. Mais les esprits ne se sont pas calmés pour autant et nous avons attendu plus de deux heures, jusqu’à ce que le concierge nous fasse sortir par une petite fenêtre du local des arbitres ! Nous avons regagné Libourne tard dans la nuit !
Heureusement que tout le monde avait pu passer par la fenêtre !

DEPLACEMENT A TARDETS.
Jacques Lavie.

Tardets est une petite commune des Pyrénées Atlantiques forte de quelques centaines d’habitants. Autrement dit, on ne s’attend pas à y trouver une équipe de handball jouant les premiers rôles.
Et pourtant, l’équipe de handball était la fierté du village dans les années 60. On y jouait en plein air là-bas aussi. La particularité du terrain : il était en pente. Quand on attaquait sur la partie basse, la plupart des tentatives de « lucarnes » passaient au dessus des cages !
L’autre particularité : les dimanches de match tout le village était autour du terrain. Et quand je dis autour, c’est exactement le mot qui convient. Les spectateurs étaient le long des lignes de touches, à tel point que nous avions une consigne : en cas de contre attaque nous devions éviter de passer trop près des touches au risque de voir soudain un pied dépasser et nous faire un magnifique croc-en-jambe.
Etait-ce volontaire ? était-ce un accident ? Je ne prononcerai pas, mais j’ai quand même une solide conviction !
Clin d’œil de l’histoire : aujourd’hui Tardets évolue en Nationale 2 *dans la poule du … HBCL. Peut-être certains dirigeants et ex-joueurs se rappellent-ils le terrain en pente et les pieds qui dépassaient dans les années 1960.
Heureusement, maintenant, il y a un gymnase.

* Le texte a été écrit la saison dernière. Cette saison Tardets évolue en N1.

NOUSTY DANS LES ANNEES 70.
Jean Deynoux

Temple du hand local près de Pau. Match retour chez eux après une victoire difficile à Libourne.
Je garde toujours en moi le film de ce terrain mal foutu ou une remise en touche devient une épreuve, les gens étant très près du bord du terrain.
Le son de la salle avec les cris d’insulte, les bandas ultra sonores, une furia brute.
Rugissements d’une foule toute acquise à leur équipe.
Les crachats qui pleuvent dès que l’on approche de la touche.
Faire une faute sur un joueur amène une fureur acoustique et retentissante, un embrasement collectif, aveugle.
Jouer, c’est aussi faire attention aux coups vicieux qui tombent.
Le grand jeu qui consiste à faire peur pour gagner.
Et en prime un arbitre qui semble effrayé par les décisions à prendre.
Nous n’étions pas sereins dans ce chaos sportif.
Malgré tout nous avons gagné d’un point en territoire ennemi.
Consternation des supporters du cru. A mort l’arbitre.
Il a été exfiltré avec nous et j’ai vu ce soir là la stupidité et la violence inutiles.
On peut bien dire justice sportive !

MATCH AU PUY.
Michel Métreau.

Nous, Libournais, faisions figure de nantis, avec notre magnifique Salle des Sports. Alors, imaginez un peu l’état d’esprit de nos rivaux du jour lorsque nous sommes arrivés au Puy pour disputer cette rencontre. C’était un peu le Handball des villes contre celui des champs !
Le match se déroulait à 10h. Notre venue fût saluée par les quolibets du public local, peu nombreux, mais bruyant et démonstratif. Nos quelques accompagnateurs et supporters, s’étaient prudemment regroupés dans un secteur permettant une évacuation rapide en cas de nécessité.
La cour de l’école municipale allait héberger notre confrontation. Ajoutons, qu’il n’y avait ni vestiaire, ni douche. Le revêtement fait de graviers pris dans un enrobé n’incitait pas franchement à plonger dans la zone. Le ciel charriait de lourds nuages gris et noirs. Le vent soufflait des bourrasques accompagnées d’une pluie hivernale et froide qui tombait sans interruption. Nous étions frigorifiés et les doigts gourds. Le ballon était devenu très vite injouable car gorgé d’eau au fil des minutes.
Nous craignions surtout le buteur maison surnommé « Gaby ». Joueur « tout terrain » au physique un peu simiesque, rugueux en défense et efficace en attaque. Ses coéquipiers s’attachaient au « nettoyage » un peu comme les démolisseurs au football américain. Mais ce jour-là, l’arbitre désigné par le Comité de Gironde était présent et ne fût pas intimidé par l’enjeu et l’environnement. Les arbitres de zone restèrent neutres.
Seule la victoire est belle !
Notre solidarité fit le reste, et nous nous imposâmes dans ces conditions dantesques sur le score de 7 à 4, ce qui nous ouvrit quelques temps après les portes de la division supérieure, apportant ainsi « notre pierre » à la construction d’un Handball Libournais encore balbutiant, au sein d’une ASL naissante.
Que tous les acteurs de cette époque, malgré tout heureuse, joueurs ou non, en soient remerciés.