Le petit mot d’Elino … #84

LES FEMMES OMNIPRESENTES AU HBCL

DEUX D’ENTRE ELLES SE SONT MEME LANCEES DANS L’ENTRAINEMENT

La saison 2025-2026 sera marquée d’une pierre blanche. En effet, fait rarissime, deux femmes ont décidé de se lancer dans l’entraînement.
Si, dans beaucoup de fonctions -membre du bureau, responsable d’équipe, animation, organisation des collations d’après match etc…- ces dames sont présentes et bien souvent plus nombreuses que les hommes, rares sont celles ayant osé devenir entraîneures.
C’est pourtant ce qu’ont fait Angélique Coutant et Maria Lakhloufi. Elles nous racontent leur cheminement pour arriver à prendre cette décision et leur vécu dans leur nouvelle fonction.
Les mauvaises langues prétendent que les femmes sont bavardes. Après leurs longues réponses à mes questions je me demande si je ne vais pas me ranger à cet avis…Mais je dois avouer que leur parcours est très intéressant et leur enthousiasme rafraîchissant.
Lisez et vous serez convaincu.

Maria et Angélique.

Merci de vous présenter.
Maria Lakhloufi
. J’ai 24 ans, je réside à Montpon-Ménestérol et je suis gestionnaire retraite pour la fonction publique.
Angélique.
J’ai 41 ans, j’habite depuis le mois d’août sur Libourne. Je suis maman solo de 2 garçons de 17 et 11 ans tous les deux handballeurs. Tom, 17 ans, au club de Coutras et Kléo, 11 ans, au HBCL depuis la saison dernière.

Quel est votre parcours handballistique.
Maria. J’ai découvert le handball à l’âge de 14 ans grâce à l’UNSS et la section sportive du collège de Montpon-Ménestérol. J’ai donc débuté mon parcours handballistique au club de Montpon.
A la sortie du collège, me voilà en seconde au lycée Max Linder de Libourne et j’intègre le HBCL. En arrivant, le coach -Marc Tourdot à cette époque- m’intègre rapidement dans son équipe 1 où j’évolue en championnat de France en tant que pivot.
En première, ayant vécu une séparation de mes parents, j’ai dû abandonner le club de Libourne pour aller vivre sur Bergerac. Une année assez dure mentalement qui affecte rapidement ma saison de handball ainsi que ma réussite scolaire. Cette année compliquée pour ma famille nous a fait prendre la décision de déménager une fois de plus, pour mon année de terminale, mais cette fois sur Libourne.
J’étais tellement heureuse de pouvoir revenir au HBCL ! C’était une année où, malgré ma douleur à l’épaule qui a débuté à cette période, j’ai pris énormément de plaisir avec comme coach Alyssa Gomis.
Mon baccalauréat en poche, je suis amenée à poursuivre mes études supérieures en Banque Assurance sur Toulouse où je suis restée 4 ans et donc 4 ans de pause sur le handball. A mon retour, en septembre 2023, je reprends le hand à Montpon durant 2 ans. Je me suis épanouie en tant que joueuse en région excellence mais cette douleur à l’épaule était toujours présente. Le club m’offre l’opportunité de me former pour débuter le coaching sur une catégorie U11. Je prends énormément de plaisir dans ce rôle ce qui fait un peu « oublier » à la joueuse que je suis cette blessure qui traîne depuis trop longtemps.
Il m’arrivait souvent d’aller regarder des matchs à Kany donc j’ai toujours gardé une bonne relation avec Vincent, Cédric et quelques anciennes coéquipières restées au HBCL. Vincent me parlait beaucoup de son envie de faire remonter l’équipe des seniors filles en Prénat. Le challenge m’a paru intéressant malgré une opération de l’épaule programmée le 13 mars 2025. Je savais que le retour sur le terrain allait être compliqué après l’opération et ça l’est toujours actuellement.
Ce qui me fait garder le moral c’est le fait de m’être engagée auprès des -18 filles. C’était une volonté de ma part et je ne regrette absolument pas. Je prends énormément de plaisir avec elles.
Angélique.
Oula ! alors moi ça fait 31 ans que je suis tombée dans le handball quand je suis rentrée au collège. Je faisais depuis toute petite du judo en compétition, j’aimais pratiquer le hand à l’UNSS du collège. Et c’est là que mon amie d’enfance Camille Couturier, m’a poussée à venir m’inscrire avec elle au club de Créon où elle en pratiquait. J’y suis allée juste pour jouer avec elle, mais j’ai été très vite mordue par le sport, la compétition et le jeu collectif. Ce qui était totalement différent du Judo que je continuais à pratiquer en compétition. Puis je suis devenue championne d’aquitaine de Judo mais, suite à une grosse blessure au judo, on m’a interdit la pratique des 2 sports. Pourtant j’ai décidé malgré tout de continuer le hand. Et l’aventure a continué, jusqu’à mes 23ans, pour venir jouer à Libourne. J’ai commencé au HBCL avec Marc Tourdot comme entraîneur, puis avec Romain.
Ensuite, 5 ans plus tard, pour des raisons personnelles, je suis partie jouer au club du Fronsadais et il n’a pas été facile de redescendre de 3 niveaux. Et puis sur la saison 2024-2025, je suis revenue au HBCL non pour moi, mais pour mon fils Kléo qui faisait du hand depuis 2 ans.
Personnellement j’avais décidé de faire une année off mais, après avoir refoulé le terrain lors des entraînements avec les seniors, j’ai pris ma licence. Cela a été un gros challenge, après avoir joué pendant près de 13 ans au Fronsadais qui évoluait en promotion excellence, de jouer ici en région excellence.
Cette saison, j’aurais repris une licence si le club avait engagé une équipe 2. Hélas…
Comme entraîneure ma vraie première expérience je l’ai connue au Fronsadais avec les U11g -l’équipe de Kléo- et avec les U15g -celle de Tom. Une saison particulière où je jonglais le week-end avec l’équipe des U11g, celle des U15g et mes matchs. J’ai vraiment pris goût à être auprès de ces jeunes, les accompagner, les voir évoluer. Une année folle ou les U15g ont été sacrés champions de Gironde 2022-2023.
Ça été une très belle expérience, avec tellement de joie. Nous étions tellement fiers des garçons. Une expérience toute particulière, car je l’avais partagée avec mon fils Tom qui faisait partie du collectif. L’un de mes plus beau souvenir.

Rares sont les femmes qui se lancent dans l’entraînement d’une équipe. Qu’est ce qui vous a poussé à le faire ?
Maria. Il est vrai qu’au HBCL la majorité des coachs sont des hommes et je suis fière de représenter le faible taux de femmes entraîneurs. Entraîner a été une réelle lumière pour moi. Cela m’a fait garder ce petit plaisir lorsque je n’en prenais plus sur le terrain à une période en tant que joueuse. Encore une fois c’était une réelle volonté de ma part, je l’avais évoqué avec Vincent avant mon retour au club.
Je prends beaucoup de plaisir avec les filles, elles sont très investies et très à l’écoute ce qui a facilité très vite mon adaptation auprès d’elles.
Angélique. Il est vrai que c’est rare. Je trouve ça dommage mais je suis ravie de remarquer, lors de déplacements, que nous sommes de plus en plus présentes sur les bancs. Ravie aussi de partager ça avec ma pote Maria qui est sur le groupe des U18f.
Après, je ne sais pas vraiment ce qui m’a poussée à entraîner et à coacher. Cela s’est fait naturellement je crois. C’était une autre façon de vivre ma passion. J’aime accompagner les joueurs, leur transmettre ma passion du hand, leur apprendre ce que l’on m’a transmis, les voir prendre du plaisir, évoluer. Sincèrement je prends autant de plaisir à être sur le banc qu’à fouler le terrain. Je le vis tout autant.
Je vis l’expérience comme si j’étais le 8ème joueur. Mes enfants le savent, lorsqu’il y a match je me prépare déjà le vendredi dans ma tête. La pression monte. Faire les bons choix, qu’ils prennent du plaisir, les accompagner au mieux, je le vis comme mon propre match.
Je vis ma passion à travers eux, et ça me permet d’avoir toujours un pied dedans. Après ce n’est pas toujours facile, je suis totalement autodidacte. Je me documente beaucoup, je regarde beaucoup de vidéos, j’aime apprendre encore et encore et écouter les conseils.

Maria, jouer en équipe première et coacher les U18 filles doit te poser des problèmes d’organisation. Comment gères-tu cela ?
En effet, jouer en équipe première et coacher les U18 filles demande beaucoup de sacrifices au quotidien. J’ai des semaines très chargées. Je n’ai que le vendredi soir de repos et c’est le seul jour de la semaine où je ne fais pas le trajet Montpon – Libourne.
Au niveau des matchs, le club m’aide énormément car, pour le moment, tout est bien coordonné. Je n’ai pas eu de choix à faire entre mes U18 ou mon match en seniors mais il est vrai que ça fait aussi de gros week-ends.
C’est un choix de ma part et le plaisir que me donnent les filles au quotidien me fait oublier ces sacrifices. C’est aussi ça le plaisir d’être bénévole et j’encourage toutes celles et ceux qui souhaitent découvrir le monde du coaching à se lancer car c’est une toute autre vision du handball.

Angélique, si les femmes sont rares à se lancer dans l’entraînement, encore plus rares sont celles qui osent prendre en main des adolescents. Ce n’est pas trop difficile ?
Bon, après, j’ai déjà 2 garçons à la maison donc je sais ce que c’est. Mais c’est vrai qu’entraîner des adolescents ce n’est pas toujours facile. Je l’ai déjà vécu.
Le mercredi c’est plus difficile car j’ai un effectif qui tourne autour de 22 garçons (qui regroupe les U15g du GLHB et ceux du HBCL). Pas facile de canaliser leur énergie. Souvent ils cherchent à me défier, mais ils savent que si je peux être cool avec eux, il ne faut pas pousser. Ils en ont fait les frais il n’y a pas très longtemps.
Le jeudi l’effet de groupe redescend car l’effectif est réduit. Je n’ai que les joueurs évoluant au HBCL donc je passe à une dizaine de garçons. Pas toujours facile de jongler entre les deux, car ce sont des collectifs différents.

Parlez moi de votre début de saison.
Maria. Le début de saison avec mes U18 filles se passe très bien même si, pour certaines, revenir jouer en département après une année en région était forcément appréhendé. Le fait d’avoir quelqu’un de nouveau et de la gent féminine a complètement changé leur mental et j’en suis assez fière.
L’année débute avec 3 matchs 3 victoires. J’ai un effectif de 18 joueuses dont beaucoup sont multipostes ce qui est super pour la gestion de l’équipe. Ce qui reste compliqué pour moi c’est le choix des 12 pour chaque match, ce qui veut dire 6 filles de côté à chaque fois.
Pour finir, une grande pensée pour Ninon que nous perdons pour quelques mois car elle vient de se faire opérer du nez. Une joueuse essentielle qui faisait partie du 7 majeur.
Angélique. Alors le début de saison ? Bonne question…
Niveau sportif, c’est compliqué dans le sens où je pense que l’on s’est loupé sur l’engagement. Nous les avons engagés en brassage général. Or, nous sommes invaincus jusqu’à maintenant avec des matchs gagnés de plus de 30 buts. Du coup, pour moi, c’est un début de saison un peu perdu, car gagner d’autant ce n’est pas formateur pour eux ni pour moi. Alors bien sûr, à leur âge, ils sont contents de marquer des buts, mais je ne suis pas sure qu’ils y prennent du plaisir.
C’est pour ça que la question d’un éventuel changement de niveau se pose à la fin des brassages. Je préférerais qu’ils soient versés au niveau au-dessus qui les sortira de leur zone de confort. Cela peut paraître bizarre à dire mais, perdre des matchs ou aller chercher des victoires dans la difficulté et l’adrénaline sera plus formateur pour eux comme pour moi.

Etes-vous satisfaites de cette première expérience ?
Angélique.
Malgré ça, je suis contente de cette expérience. C’est un joli collectif avec du potentiel, et très « attachiant ». J’espère que l’on va continuer tous ensemble sur cette bonne note, que le collectif va continuer à travailler et à progresser lors des séances d’entraînement.
Maria. Je suis très satisfaite de l’équipe à l’heure d’aujourd’hui et de cette première expérience sur grande catégorie.

Quelque chose à rajouter ?
Maria. Je sais que pour le club c’était un vrai challenge de me laisser l’équipe, alors que je n’étais pas encore libournaise, et je le remercie pour sa confiance.
Angélique. Je vais faire tout mon possible pour les accompagner au mieux cette saison. Je sais qu’en tant que joueuse, je suis plus prés de la sortie que du début. Mais je sais que le coaching sera la suite de mon parcours, car j’aime ça et cela me permet de vivre d’une manière différente ma passion.